Désert et la mousson

Au moment de s’endormir, une vision complète d’un pays craquelé, si intense que j’ai ressenti physiquement la souffrance de la soif, l’appel désespéré par les plantes, la terre, hommes et bêtes desséchés et ardents.

Et puis la venue, enfin, de l’eau, je voyais les premières gouttes imprégner la poussière, combler les fissures, plier les têtes jaunes des herbes, laver les feuilles restantes, faire reluire le visage radieux des humains.

Ca ne s’est pas arrêté là, ensuite j’ai eu droit à l’humidité qui s’installe, lourde, insistante, l’odeur du bois détrempé, les tissus qui moisissent un peu, toutes les activités interrompues ; plus d’autre solution que d’être un chat qui regarde tomber la pluie à l’abri d’une véranda.

Ce qui reste au matin

Je m’endors, un livre à la main. Le chat ronronne, allongé sur le flanc.
Il est borgne. Dans mon rêve, il se transforme en bel adolescent aveugle. Assis sur le porche d’une cahute en pilotis, les pieds dans l’eau, il tient un coquillage couleur d’abricot, et écoute l’écume caresser le rivage.
A mon réveil, le chat est parti. De sa fourrure un peu de sable a chu ; demi-rêveurs, gardez cela en tête : parfois le songe survient avec fracas, ou bien il glisse en douceur le pied dans la porte, mais jamais, au grand jamais, il ne s’éloigne.