Comme un chat je suis
craintive et hautaine
charnelle et méditative
Des mots et des images
Comme un chat je suis
craintive et hautaine
charnelle et méditative
Le chat vient boire
l’eau brûlante de mon bain.
Infusion d’humain
L’automne reste chaud
mais la fourrure du chat
est déjà épaisse
Encre-aquarelle Endre Penovac
Le chat qui chasse son ombre
dans la baignoire vide
jamais ne l’attrape
Aquarelle-encre d’Endre Penovac
Large ventre et doigts de fée
au soleil, je suis
le bonheur du chat
Au moment de s’endormir, une vision complète d’un pays craquelé, si intense que j’ai ressenti physiquement la souffrance de la soif, l’appel désespéré par les plantes, la terre, hommes et bêtes desséchés et ardents.
Et puis la venue, enfin, de l’eau, je voyais les premières gouttes imprégner la poussière, combler les fissures, plier les têtes jaunes des herbes, laver les feuilles restantes, faire reluire le visage radieux des humains.
Ca ne s’est pas arrêté là, ensuite j’ai eu droit à l’humidité qui s’installe, lourde, insistante, l’odeur du bois détrempé, les tissus qui moisissent un peu, toutes les activités interrompues ; plus d’autre solution que d’être un chat qui regarde tomber la pluie à l’abri d’une véranda.
Je m’endors, un livre à la main. Le chat ronronne, allongé sur le flanc.
Il est borgne. Dans mon rêve, il se transforme en bel adolescent aveugle. Assis sur le porche d’une cahute en pilotis, les pieds dans l’eau, il tient un coquillage couleur d’abricot, et écoute l’écume caresser le rivage.
A mon réveil, le chat est parti. De sa fourrure un peu de sable a chu ; demi-rêveurs, gardez cela en tête : parfois le songe survient avec fracas, ou bien il glisse en douceur le pied dans la porte, mais jamais, au grand jamais, il ne s’éloigne.